Pendant un, deux, trois ans, Yusra Mardini, 23 ans, a nagé sous la menace des bombardements au cœur de la guerre civile, à Damas, la capitale de son pays : la Syrie. « À chaque fois que j’étais dans l’eau, j'entendais ls bombes tomber au loin, toujours au loin… », se souvient la jeune femme.
Une bombe tombe sur sa piscine
Juste enchantée de nager avant ou après l’école, l’adolescente syrienne n’a jamais eu l’idée de participer aux Jeux olympiques. « Un jour, une bombe tombe sur notre piscine, raconte Yusra. Heureusement, elle n’explose pas. Alors, avec ma petite sœur, j’ai couru à la maison et j’ai demandé à mes parents de quitter mon pays, au plus vite ! »
Trois heures dans l'eau
Faute d’argent pour que toute la famille parte, les parents de Yusra acceptent de la laisser partir seule avec sa sœur. La veille de ses quinze ans, Yusra embrasse ses parents et prend le chemin de l’exil. Elle traverse le Liban et une petite partie de la mer Méditerranée. Elle se souvient : « À un moment, notre bateau pneumatique est tombé en panne. Avec ma sœur et un adulte, nous l’avons tiré, en nageant, vers la bonne direction pendant trois heures. À Damas, parfois, faute d’électricité, nous nagions dans l’eau froide. C’était dur mais cette endurance m’a terriblement aidée ce jour-là, dans la Méditerranée ».
Recueillie en Allemagne
Arrivée en Turquie, la jeune Syrienne est envoyée en Allemagne où elle reprend l’entraînement. Elle raconte : « Entre temps, le Comité international olympique a créé une équipe de réfugiés accueillant des athlètes en exil, venus de tous pays et pratiquant tout sport. Elle nous rassemble comme un symbole d’une nouvelle chance, d’un nouveau pays pour nous, d’un nouveau départ, et, surtout comme un vrai signe de victoire après tant d’épreuves ». Des athlètes exilés reçoivent une bourse olympique pour s’entraîner et pour tenter un nouveau départ loin de leurs racines.
Toujours sans ses parents
À 16 ans, en 2016, Yusra Mardini est sélectionnée dans cette équipe composée alors de dix réfugiés pour les Jeux olympiques de Rio. À Tokyo, la nageuse en fait également partie. Ce qu’elle ressent ? « Je suis fière de lancer un signe d’espoir à tous les migrants. À travers le monde, il y a 80 millions de personnes qui cherchent à fuir d’horribles conditions de vie. Il ne faut pas les oublier, les laisser se débrouiller seuls ou mourir noyés… ». Jamais retournée en Syrie depuis son départ, la nageuse, est toujours installée en Allemagne. Elle est devenue une porte-parole de ces athlètes loin de leurs proches. Yusra affiche une belle confiance : « Aujourd’hui, je n’ai plus peur de rien… Et, rien ne m’arrêtera pour aller au bout de ce que je décide…». Ses parents, qu’elle espère revoir bientôt, peuvent être très fiers !