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On dirait un scénario de film de science-fiction et pourtant, c’est une histoire vraie. La plante luminescente de Rose-Marie et Ghislain Auclair devrait briller au début de l’année prochaine. Et c’est une très bonne nouvelle pour nous… et pour la planète.
Déclic à New-York
Mais commençons par un petit flash-back ! Il y a cinq ans, alors qu’ils font tous les deux de la recherche en biologie - donc sur tout ce qui est vivant - Rose-Marie et Ghislain partent en vacances. Destination New-York.
Au milieu des gratte-ciel, ils se disent qu’il y a de plus en plus de béton dans les grandes villes, où les êtres humains seront de plus en plus nombreux à vivre. Il ne leur en faut pas davantage pour rentrer de voyage avec l’envie d’agir.
« Illuminer New York avec des plantes »
C’est là que leurs passions communes de la biologie et de la science-fiction entrent en scène. Rose-Marie et Ghislain imaginent « une plante qui fait de la lumière et répond à tous les problèmes en même temps ».
Rose-Marie résume : « Les problèmes des villes sont la surconsommation d’énergie, la pollution et le manque de verdure. La plante ramène la verdure dans la ville, dépollue l’air en fixant le CO2, et n’utilise pas d’électricité. En plus, ajoute-t-elle, cette plante luminescente donnerait à la ville une dimension esthétique et poétique, comme dans le film Avatar, où il y a un jardin lumineux ».
Ils rentrent en France avec un rêve : « illuminer New York avec des plantes ». « Rêver grand, ça nous pousse ! Quand on se lance dans une entreprise pareille, il ne faut pas se mettre de limite », prévient Rose-Marie, qui ajoute « tout en étant aussi réaliste ». C’est d’ailleurs le réel qui les inspire, puisqu’ils essaient précisément de reproduire quelque chose qui existe déjà… dans la nature.
Des plantes bioluminescentes
Tu ne connais peut-être pas la bioluminescence, enfin, le mot en lui-même, mais tu connais sûrement la luciole ou le ver luisant. Ce sont des animaux lumineux. Ils ont ça dans leurs gènes, comme la couleur de tes yeux est dans les tiens. Et ils n’ont pas besoin d’une lampe pour se charger de lumière, comme c’est le cas des objets phosphorescents.
Eh bien, c’est ce superpouvoir de la nature que les deux biologistes veulent reproduire dans leur laboratoire, sur des plantes. Alors, ils se sont dit qu’ils avaient "juste" à inscrire les gènes spéciaux présents chez l’animal bioluminescent dans leur plante pour qu’elle brille. La suite est "juste" une sacrée aventure. Ils ont, par exemple, dû prouver que leur rêve n’était pas impossible pour que des gens financent leurs recherches.
Il y a quelques mois, ils ont réussi quelque chose de formidable : ajouter les gènes de bioluminescence, c’est-à-dire le programme génétique qui fait briller les animaux comme les lucioles, à des cellules de plantes. La cellule, c’est la partie microscopique de la plante.
Et cela a marché ! La plante est devenue luminescente. Le passage de la cellule à la plante toute entière est prévu pour le début de l’année 2022 au plus tard. Il faudra ensuite attendre qu’elle pousse.
Une lumière douce
En 2023, Rose-Marie et Ghislain devraient vendre leur première plante luminescente. Et ils cherchent déjà des moyens de les faire pousser en plus grand nombre. Si cette plante ne brillera pas aussi fort que l’ampoule d’un lampadaire, elle pourra tout de même vraiment changer l’allure des villes.
« Dans les villes, nous envisageons plutôt des balisages de pistes cyclables, de routes, de chemins dans les parcs, raconte la chercheuse. Des gros constructeurs immobiliers nous contactent aussi pour des projets de murs végétalisés, dans des parkings par exemple, pour avoir une lumière douce et embellir ces lieux. »
Et sais-tu à qui ils rêvent d’apporter l’un des premiers exemplaires de cette plante ? À James Cameron, le réalisateur canadien d’Avatar (et de Titanic), qui vit aux États-Unis. Rose-Marie ne sait pas s’ils arriveront à le rencontrer, mais ce qui est certain c’est qu’ils essaieront. Et elle connaît déjà son texte : « Vous avez imaginé Avatar. Nous avons créé la plante qui va avec ». Encore un rêve que nous leur souhaitons de réaliser !
Enfant, Ghislain ramenait des bestioles à la maison Avant de se connaître et de faire des études de biologie, Rose-Marie et Ghislain étaient des enfants de ton âge ! À ce moment-là, ils avaient tous les deux une passion pour la nature et les animaux. Rose-Marie raconte même que « la maman de Ghislain se souvient encore de toutes les bestioles qu’il ramenait à la maison ». Bien heureusement, quand son intérêt s'est porté sur les dinosaures, le petit Ghislain n’a jamais eu l’occasion de faire rentrer de tyrannosaure chez lui ! |