🗞 Œuvrer pour la paix : comment Nelson Mandela a apporté de l’harmonie en Afrique du Sud

Enfant, il aimait l’harmonie qu’il trouvait dans la nature. Il a aussi appris que pour gagner il n’est pas toujours nécessaire d’avoir le plus grand bâton.

Il y a cent ans, un jeune garçon a grandi dans un petit village rempli de huttes multicolores et rondes, comme des ruches, dans une vallée verdoyante située dans la pointe sud de l’Afrique. Dès l’âge de 5 ans, sur les collines avoisinantes, il gardait les vaches et les moutons appartenant à sa famille.

Ses parents l’ont appelé Rolihlahla, c’est-à-dire “le fauteur de troubles”. Peut-être ont-ils pressenti quelque chose en choisissant son prénom ? En effet, plus tard il causera beaucoup d’ennuis à certaines personnes ayant de mauvaises idées !

Rolihlahla a appris à vivre heureux dans la nature – il est tombé amoureux de l’immense ciel bleu, de la récolte de fruits, ou encore du miel fabriqué par les abeilles sauvages.

Il s’amusait à nager dans des ruisseaux froids ou à glisser sur des rochers lisses que ses amis appelaient les « montagnes russes ». Pour eux, pas besoin d’aller dans un parc d’attractions !

Les combats de bâtons

Mais il y avait aussi des choses sérieuses dans son enfance. Sa famille devait se nourrir et Rolihlahla a appris à chasser. Il chassait les oiseaux à l’aide d’une fronde, un simple morceau de cuir qui lui permettait de lancer des pierres. Il attrapait aussi des poissons au moyen de hameçons qu’il se fabriquait lui-même.

Mais son jeu favori était le combat de bâtons. Il apprit que pour gagner il ne fallait pas forcement être le plus grand ou le plus fort, ou encore avoir le plus grand bâton. Il fallait plutôt anticiper ce que son adversaire ferait ensuite – et aussi bien connaître ses propres qualités. 

Rolihlahla apprit aussi autre chose, qui sera déterminant pour lui plus tard. Un jour, avec ses amis, ils se relayaient pour monter sur un âne dans leur village. L’animal devenait de plus en plus grincheux. Au moment où Rolihlahla grimpa sur son dos, l’âne en avait assez : il courut quelques mètres puis s’arrêta brusquement et notre héros fut éjecté de sa monture et tomba dans un buisson épineux. Ce jour-là, ses amis rirent et se moquèrent beaucoup de lui !

Rolihlahla se sentit humilié, car il pensa qu’il avait l’air idiot. Et ça lui a fait plus mal que les bleus qu’il s’était faits aux genoux. A partir de ce moment-là, il a essayé de ne plus jamais embarrasser et humilier les autres. Par exemple, quand il gagnait un combat, il disait toujours que son adversaire s’était bien battu. Il a compris que quand on se sent humilié on a souvent envie de se venger.

Il devient Nelson

Plus tard, le jeune garçon intelligent a été envoyé à l’école dans une grande ville, pour apprendre plus que dans son village. Il dut alors parler anglais et pas la langue de sa famille, appelé le xhosa.

Sa première enseignante donna à Rolihlahla un prénom anglais : Nelson. Il devint Nelson Mandela.

Même s’il apprit beaucoup dans des livres à l‘école, Nelson a aussi beaucoup appris en observant autour de lui. Par exemple, il a remarqué que les membres de sa tribu débattaient des questions importantes pour leur communauté. De cette manière, chacun pouvait s’exprimer et chacun était écouté. Les décisions prises étaient OK pour tout le monde. C’est ce qu’on appelle un consensus. De cette manière, personne ne se sent humilié ou forcé à faire quelque chose qui ne lui convient pas.

Grâce à son intelligence, Nelson a même pu aller à l’université, ce qui n’était pas fréquent à son époque. Il y a appris un nouveau sport, la boxe. Comme dans le combat de bâtons, il comprit que dans la boxe, il est important de comprendre son adversaire, pour ne pas gaspiller ses forces, d’être patient et de choisir le bon moment pour riposter.

Le problème entre les Noirs et les Blancs

À l’université, Nelson était différent de la plupart des autres jeunes gens parce qu’il avait la peau noire. Pourtant, la plupart des gens en Afrique ont la peau noire. Mais dans le pays de Nelson, l’Afrique du Sud, un petit nombre de personnes à la peau blanche possédaient presque tout. Leurs familles venaient d’Europe et ils parlaient principalement anglais ou une forme du hollandais appelé l’afrikaans.

Nelson est devenu avocat pour aider à défendre les Noirs. Il a organisé des manifestations, en particulier lorsque le gouvernement a mis en place de nouvelles lois pour concentrer le pouvoir et l’argent dans les mains des Blancs.

Ces lois ont été appelées l’« apartheid », ce qui signifie séparation en hollandais. C’était, par exemple, illégal pour les Blancs et les Noirs de tomber amoureux. Ou encore, les Noirs ne pouvaient pas utiliser certaines choses qui étaient réservées aux Blancs, comme certains magasins, les autobus, les plages ou même les bancs au parc public.

La contre-attaque

Nelson et ses amis ont alors organisé des manifestations. Pour cela, ils se sont inspirés de l’Inde où d’importantes protestations non-violentes avaient été organisées par un homme qui s’appelait le Mahatma Gandhi.

Malheureusement, en Afrique du Sud, le gouvernement n’a pas écouté les paroles des manifestants et ils ont interdit ces protestations. La police a tué de nombreuses personnes. Alors, Nelson a perdu patience. Avec ses amis, il a décidé d’utiliser la violence pour riposter. Ils ont essayé de ne blesser personne, mais de rendre la vie difficile pour le gouvernement en détruisant certaines choses comme des lignes électriques.

Peu de temps après, Nelson a été arrêté, puis jugé. Il n’a pas nié ses actes, mais il a expliqué que pour lui, les vrais criminels étaient en réalité les membres du gouvernement d’apartheid.

Il a dit qu’il était contre la domination des Blancs mais aussi contre la domination des Noirs. Et qu’il continuerait de se battre pour créer un pays où « tous vivraient ensemble en harmonie ».

Apprendre en prison

Nelson et ses amis ont été condamnés à la prison à vie. Pendant de nombreuses années, Nelson a à peine vu ou entendu parler de sa famille. Le gouvernement voulait que les gens l’oublient.

C’était très dur, mais Nelson était patient. Et tout comme ce jeune garçon intelligent qui se battait avec des bâtons ou faisait de la boxe, il en a profité pour en apprendre davantage sur son adversaire.

Les gardes Blancs de la prison croyaient tous en l’apartheid. Nelson a appris à parler leur langue, l’afrikaans. Il a appris à comprendre les espoirs et les craintes de ses gardes et de leurs familles. Beaucoup de gardes ont fini par l’apprécier et ont essayé de l’aider, en lui donnant par exemple du papier et des stylos, afin qu’il puisse écrire.

« Aidez-nous »

Pendant près de 30 ans, alors que Nelson vieillissait en prison, la situation en Afrique du Sud se dégradait. Il y avait de plus en plus de violence et les entreprises appartenant aux Blancs étaient en difficulté. À l’étranger, des pays riches ont cessé de travailler avec l’Afrique du Sud pour protester contre l’apartheid.

Finalement, des membres du gouvernement sont venus demander de l’aide à Nelson. Ils lui ont promis de lui rendre sa liberté s’il les aidait à sortir de la crise. Nelson a refusé.

Nelson a expliqué qu’il accepterait d’aider le gouvernement seulement si tout le monde en Afrique du Sud, Blancs et Noirs, obtenaient les mêmes droits. Et si des élections libres étaient organisées. Même si le gouvernement avait tenté de l’affaiblir pendant toutes ces années de prison, Nelson connaissait ses forces. Le gouvernement a accepté de discuter avec lui les demandes de Nelson.

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Faire ses lacets

Pour l’une de ses premières rencontres avec le président Blanc d’Afrique du Sud, Nelson a pu échanger ses vêtements de prison pour un costume, une cravate et des chaussures en cuir.

Alors que la réunion était sur le point de commencer, une personne s’est agenouillée pour lui faire ses lacets. Nelson portait des sandales de prison depuis si longtemps qu’il avait oublié de nouer des lacets ! Cependant, il n’avait pas oublié comment gagner un combat.

Pas une revanche, mais un arc-en-ciel

Le gouvernement blanc a finalement accepté de donner le droit de vote à tout le monde et de libérer Nelson et tous ses amis. Beaucoup de Blancs étaient terrifiés que les Noirs prennent leur revanche et qu’ils cherchent à les tuer pour leur prendre leurs maisons. Quelques Noirs en avaient d’ailleurs l’intention.

Mais, même après avoir passé près de la moitié de sa vie en prison, Nelson s’y est opposé. Il s’en est tenu à ce qu’il avait dit au juge, que tous les Sud-Africains, de toutes les couleurs de peau, devaient vivre ensemble en paix. Il a déclaré que ce serait la nation arc-en-ciel.

Leçons d’enfance

Nelson n’a jamais oublié ce qu’il a appris quand il était enfant. Le jeune Rolihlahla aimait tant la nature dont les différents éléments vivent ensemble en harmonie.

“C’est dans les champs que j’ai appris à attraper des oiseaux avec une fronde, à récolter du miel sauvage, des fruits et des racines comestibles, à boire du lait chaud et sucré des pis d’une vache, à nager dans les ruisseaux froids, et à attraper des poissons avec de la ficelle.”

Nelson Mandela

Il n’a pas oublié ce qu’il a appris quand il est tombé de l’âne et que les autres se sont moqués de lui. Il ne faut jamais humilier son adversaire. 

Il n’a pas oublié son peuple, qui avait souffert pendant de nombreuses années. Mais il n’a pas oublié non plus ce qu’il avait appris de ses gardiens de prison, qui eux aussi voulaient vivre en paix.

Faire la paix

Beaucoup de Noirs ont été étonnés qu’après avoir été élu président, Nelson Mandela ait nommé non seulement des Noirs pour l’aider, mais aussi certains des Blancs qui l’avaient gardé en prison pendant toutes ces années.

Nelson disait que, même s’il ne fallait pas oublier le passé, il faut faire la paix avec ses adversaires, sinon on risque de rester piéger dans le passé et de continuer à se bagarrer sans fin.

Prix Nobel de la Paix

Sa vie et ses idées font de Nelson Mandela l’une des personnes les plus célèbres à avoir reçu le Prix Nobel de la Paix. Et comme chez WoW! nous passons notre été à nous préparer pour la Journée Internationale de la Paix du 21 septembre, son histoire nous semble une belle façon de commencer notre série sur les « artisans de la paix », qui se poursuivra le mois prochain.

Nelson Mandela a accompli des choses extraordinaires (bien qu’il ait lui-même toujours dit qu’il était juste un homme ordinaire qui a fait des erreurs, mais qui a essayé de faire de son mieux dans les moments difficiles). Comme lui, nous pouvons tous être des artisans de la paix dans notre vie quotidienne.

Y a-t-il quelque chose que tu as appris sur Nelson Mandela qui pourrait t’être utile ? Peut-être mieux écouter les autres ? Ou bien être patient ?

Si tu as aimé en apprendre davantage sur lui, ne manque pas la prochaine histoire dans notre série de l’été. Et parles-en à tes amis !

Le savais-tu ?

L’apartheid était un système terrible qui nous semble choquant aujourd’hui. Imagine : pour les gens à la peau foncée, comme ils ne savaient pas s’ils étaient légalement Noirs ou Blancs, il y avait le test du crayon. Un crayon était mis dans les cheveux et il fallait secouer la tête. Si le crayon ne tombait pas, cela signifiait que les cheveux étaient faits de boucles compactes comme ceux d’un Africain et donc cette personne était considérée comme Noire. Elle devait alors se plier aux règles terribles de l’apartheid.

* Dans ce moment historique, le président Mandela présente la Coupe du Monde de Rugby 1995 au capitaine de l’équipe sud-africaine. Historiquement, le rugby était principalement joué par les Blancs et la plupart des Sud-Africains noirs ignorait l’équipe nationale, appelée les Springboks. Mais Mandela a encouragé la « nation arc-en-ciel » à soutenir les joueurs de rugby blancs et c’est il a porté le maillot vert des Springboks pour présenter la Coupe.