🔊 Un prix Nobel pour les femmes aux ciseaux

Le podcast de WoW! – Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna ont gagné le prix Nobel de chimie pour leurs ciseaux qui soignent les maladies génétiques.

Transcription podcast du 24 octobre 2020

Clarisse : Salut Alastair !

Alastair : Salut Clarisse ! Alors si j’ai bien compris nous allons faire du découpage aujourd’hui ? Tu prépares des décorations pour Halloween ?

Clarisse : Ah les décos d’Halloween arrivent bientôt mais ce n’est pas pour tout de suite ! Je ne vais pas te parler de découpage mais plutôt de ciseaux…des ciseaux qui permettent de soigner des maladies !

Alastair : Hum, je suis bien curieux d’en savoir plus…

Clarisse : Eh bien ça a un lien avec une histoire que nous avions raconté à nos cher.es ami.es en janvier dernier… Tu te souviens d’Helen, la jeune Américaine qui avait une terrible maladie – la drépanocytose ?

Alastair : Ah oui, elle était née avec une maladie liée à son sang et elle a été guérie. On a reçu des nouvelles d’elle ?

Clarisse : Rassure toi, Helen va bien. Et la bonne nouvelle c’est que l’invention dont je vais te parler permet de soigner plus facilement ce type de maladie. Et qui se cache derrière cette grande invention ? Deux femmes qui viennent justement de remporter le prix Nobel de chimie !

Alastair : Et on fait quoi de nos ciseaux dans tout ça ?

Clarisse : Attends, on y arrive. Ces deux femmes s’appellent Emmanuelle et Jennifer. Leur métier ? Biologistes. Et figure-toi qu’elles ont créé des ciseaux génétiques, à bases de gènes. Ces gènes portent le nom de “CRISPR-Cas9”.

Alastair : Ok, je range ma trousse alors, je vois qu’on va parler de choses sérieuses et pas de bricolage… CRISPRRRR… c’est un drôle de nom !

Clarisse : C’est l’acronyme, c’est à dire un sigle qui se prononce comme un mot ordinaire. Dans notre cas, ce fameux CRISPR-Cas9 vient d’un sigle anglais. Si on traduit, ça donne “courtes répétitions en palindrome regroupées et régulièrement espacées”.

Alastair : Ok, CRISPR c’est beaucoup plus simple en effet ! Et ces ciseaux doivent être minuscules alors, pas comme ceux que je viens de ranger dans ma trousse ?

Clarisse : Eh oui, si petits qu’il est même impossible de les voir à l’œil nus. Et ces ciseaux là ne s’utilisent qu’au niveau des gênes. Quand on naît, les gênes contiennent des informations transmises par nos parents, comme la couleur des cheveux ou de la peau.

Alastair : Ou la forme de notre nez ?

Clarisse : Oui voilà. Mais parfois ils transmettent aussi des maladies qu’on appelle héréditaires.

Alastair : Comme Helen et sa drépanocytose… je vois…

Clarisse : Eh bien, les ciseaux de nos deux lauréates Emmanuelle et Jennifer, savent couper le gêne à l’endroit où se situe la maladie et la remplacer par un morceau de gêne sain.

Alastair : Ça parait presque simple dit comme ça !

Clarisse : En fait, il y a quelques années, l’invention du CRISPR-Cas9, a créé des milliers de projets et de possibilités pour guérir des maladies, y compris certains cancers. C’est pourquoi ces deux scientifiques bénéficient maintenant d’une grande reconnaissance.

Alastair : Wouah, impressionnant… et tu dis que ce sont deux femmes qui ont inventés ces ciseaux ?

Clarisse : Exact ! Je vois que tu as relevé ce détail et maintenant ça ne devrait plus tellement nous étonner car beaucoup de scientifiques sont des femmes. Mais c’est important de se rappeler que cela n’a pas toujours été le cas et, pendant longtemps, il était vraiment difficile pour les filles qui aimaient la science d’imaginer y faire carrière.

Alastair : C’est donc assez exceptionnel qu’elle remportent un prix Nobel ?

Clarisse : En effet, et les journaux n’ont pas oublié de le préciser ! Emmanuelle est française et Jennifer est américaine. Ça semble normal aujourd’hui, mais c’est un grand changement qui s’opère depuis des années.

Alastair : Un grand changement pour les femmes scientifiques ?

Clarisse : Oui. Souviens-toi, il existe trois prix Nobel scientifiques, en physique, chimie et médecine. Depuis 120 ans que ces prix existent, 624 personnes en ont remporté un. Et devine combien étaient des femmes ?

Alastair : Moins de la moitié, j’en suis sûr !

Clarisse : Et oui ! Beaucoup moins de la moitié… Seulement 23… 23 ! C’est moins de 1 sur 25.

Alastair : C’est pas terrible ça…

Clarisse : Oui mais les choses changent… Sur les 23 femmes qui ont remporté un prix Nobel de science au cours des 120 dernières années, plus de la moitié d’entre elles l’ont remporté depuis moins de 20 ans. Et cette année, sur huit lauréats, trois étaient des femmes.

Alastair : Ça évolue dans le bon sens au moins ! Mais comment Emmanuelle et Jennifer ont eu l’idée de devenir scientifiques il y a 25 ans ?

Clarisse : Jennifer, l’américaine, a grandi à Hawaï, c’est une île couverte de verdure. C’est là-bas qu’elle s’est passionnée pour les plantes exotiques quand elle était plus jeune. Elle a ensuite étudié la biologie à l’université. Elle a d’ailleurs failli abandonner pour apprendre le … français ! Mais son professeur de français l’a convaincue de poursuivre les sciences, même si elle avait toujours l’impression que c’était plus difficile quand on est une fille dans ce domaine…

Alastair : Et la française, qu’est ce qui l’a inspiré ?

Clarisse : Si on remonte le temps, la petite Emmanuelle apprenait le piano et la danse. Mais ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était de se poser des questions et de comprendre. Elle aurait pu devenir philosophe ou sociologue, comme elle le disait elle-même dans une interview. Elle s’est finalement orientée vers la biologie. Ses héroïnes ? Les bactéries. Ses sources d’ inspiration ? La nature et l’humanité.

Alastair : Une vraie vocation pour toutes les deux ! Comme je dirais en anglais “Women rock !” – Les femmes assurent !

Clarisse : Tu pouvais pas mieux dire dire Alastair ! C’est justement ce que Jennifer a dit lorsqu’elle a appris qu’elle et Emmanuelle avaient remporté le prix Nobel – “women rock !”- “Les femmes assurent !”

Alastair : Ah donc j’ai quelque chose en commun avec un lauréat du prix Nobel !

Clarisse : Je suis sûre que vous avez beaucoup de choses en commun, Alastair !
Bon en tout cas, le travail de Jennifer et Emmanuelle continue, tout comme les travaux et les recherches de milliers d’autres scientifiques et médecins qui cherchent des solutions pour les gens en se basant sur cette nouvelle technique. Certains y voient même un moyen de lutter contre le coronavirus. On aurait de quoi discuter pendant plusieurs épisodes !

Alastair : C’était vraiment intéressant d’entendre parler de ce prix Nobel. J’ai mieux compris cette histoire de ciseaux ! Et de CRISPRRRR…

Clarisse : Merci, Alastair ! On se retrouve bientôt !

Et merci à toutes et à tous de nous avoir écouté.
Vous pouvez retrouver l’article sur les ciseaux génétiques et des explications pour les adultes aussi, sur notre site wow-news.eu.