Éthiopie, Madagascar, Soudan du Sud, Yémen : la famine fait déjà rage dans ces quatre pays. Et le directeur du Programme alimentaire mondial des Nations Unies craint qu’elle ne s’étende, comme il l’a expliqué, fin juin 2021, devant les personnes de 36 pays qui dirigent cette organisation internationale. Celui-ci demande qu’on débloque beaucoup d’argent (cinq milliards d’euros) pour éviter cela. Il faut quand même rappeler les progrès qui ont été fait dans ce domaine. Il y a 50 ans, un être humain avait à peu près cent fois plus de chances de mourir de faim qu’aujourd’hui. Et notre planète compte deux fois plus d’habitants !
Le Prix Nobel de l’alimentation
Ces avancées, nous les devons à toutes les personnes qui se mobilisent déjà depuis longtemps pour trouver des solutions contre ce fléau. C’est le cas de Shakuntala Haraksingh Thilsted. Cette femme de 72 ans a d’ailleurs reçu, début juin, un prix prestigieux : le World Food Prize, qu’on traduirait par Prix mondial de l’alimentation. C’est une sorte de Prix Nobel dans le domaine de l’alimentation.
Pourquoi lui a-t-on donné ce prix ? Parce qu’elle a consacré sa vie à trouver des solutions dans l’espoir que tout le monde mange à sa faim ! Elle a notamment découvert que de petites espèces de poissons, qu’on trouve facilement au Bangladesh et au Cambodge et qui ne coûtent pas cher, sont très intéressants sur le plan nutritif. En langage plutôt savant, cette docteure en physiologie de la nutrition, explique qu’ils sont « plein de micronutriments essentiels et d’acides gras ». En clair ? Ces petits poissons nourrissent bien la personne qui les mange et sont très bons pour la santé.
Pas chers et nourrissants
Et Shakuntala Haraksingh ne s’est pas arrêtée à cette découverte ! Elle a carrément influencé la façon de manger dans des pays pauvres d’Asie, d’Afrique et dans le Pacifique. Au Bangladesh, par exemple, elle a convaincu le gouvernement de développer une façon particulière de cultiver des poissons pour lutter contre la faim et la malnutrition. Il s’agit de la polyculture. Pour te résumer le principe, c’est une manière d’élever ensemble des petits et des grands poissons dans des étangs, des plans d’eau et des rizières. Ça ne coûte pas cher. Ce n’est pas compliqué. Et cela permet de produire plus de poissons, donc de nourrir plus de personnes. En plus, cela n’a pas un mauvais impact sur l’environnement.
Transformer les façons de manger en mettant les aliments aquatiques au cœur de ceux-ci permet de nourrir mieux les gens et d’en nourrir plus. Cette idée-là a clairement permis d’améliorer le régime alimentaire de millions de familles à faibles revenus dans de nombreux pays, dont le Bangladesh, évidemment, mais aussi le Cambodge, l'Inde, le Népal, la Birmanie, la Zambie et le Malawi. Bravo et merci Madame Shakuntala Haraksingh Thilsted !